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Gabon D'abord
26 août 2005

expulsion de Mamboundou de France(histoire)

                un cadeau de la France à Bongo

   mamboundou LE gouvernement français a expulsé mercredi matin un opposant gabonais
vivant en France. Pierre Mamboundou avait fondé, en juillet dernier
l’Union du peuple gabonais (UPG). Il a été embarqué, manu militari, sur
un avion en partance pour le Sénégal. L’arrêté d’expulsion du ministère
de l’Inérieur, daté de mardi, affirme que la mesure avait un caractère
d’« urgence absolue » pour des « nécessités impérieuses de sécurité
publique ».

Pierre Mamboundou, 44 ans, ancien directeur des relations extérieures de
l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), est accusé par
les autorités françaises de « ne pas avoir respecté l’obligation de
réserve, notamment par des réunions publiques ».

Me Jean-Louis Keita du barreau d’Aix-en-Provence, son avocat, a déclaré
que Pierre Mamboundou a été interpellé mercredi à 6h05, à son domicile à
Chelles (Seine-et-Marne). « On lui a notifié un arrêté d’expulsion sous
prétexte qu’il représente une menace pour l’ordre public et que ses
agissements causaient de graves troubles à l’ordre français », a-t-il
indiqué. L’avocat a ajouté que son client « a été licencié de l’ACCT,
auprès de laquelle il était détaché à Paris par son gouvernement ».

Le 5 février, a poursuivi Me Keita, le responsable de l’UPG, s’est vu
notifier un arrêté « lui enjoignant de quitter le territoire français
dans un délai d’un mois, faute de quoi une mesure d’éloignement du
territoire serait prise contre lui. »

Me Keita a indiqué avoir saisi, le 23 février, l’Office français des
réfugiés et apatrides (OFRA) afin que Pierre Mamboundou, père de quatre
enfants et dont l’épouse est actuellement hospitalisée à Chelles,
bénéficie du statut de réfugié politique.

Mardi, l’opposant gabonais avait évoqué la situation dans son pays en
répondant aux questions de TF 1, d’Antenne 2, de La Cinq et de
France-info. Il avait notamment déclaré : « Le vent de l’Est est un vent
dont je souhaite qu’il souffle le plus fort en Afrique, pour qu’enfin le
continent africain ne soit plus le continent de la seconde zone du point
de vue de la démocratie. »

Le dirigeant de l’UPG avait été accusé par Libreville, en octobre 1989,
d’être l’auteur d’un complot visant à renverser les institutions et à
assassiner Omar Bongo. Ce dernier avait, en janvier dernier, à nouveau
mis en cause Pierre Mamboundou qui, selon lui, ne cessait d’inonder le
pays de tracts et télex envoyés de Paris et dirigés contre son régime.

Le 29 novembre dernier, au Club de la presse de Radio
France-internationale, Omar Bongo avait laissé entendre que l’opposant
gabonais avait été à l’origine d’un complot « sponsorisé » par des
ressortissants européens. Le chef du régime de Libreville avait ajouté :
« C’est moi qui ai mis Paris au courant. L’autorité française m’a
assisté depuis le début (de cette affaire) jusqu’à l’heure actuelle. »

L’expulsion de Pierre Mamboundou a soulevé plusieurs protestations. Le
Comité international pour le respect et l’application de la charte
africaine des droits de l’homme et des peuples (CIRAD), présidé par Me
Massenga Tiasse a condamné, mercredi à Paris, « cette mesure
discriminatoire faisant de l’Africain un être de seconde zone lorsqu’il
revendique les libertés et les droits fondamentaux de l’homme ». Le
CIRAD souligne qu’à son avis on ne peut « faire valoir l’obligation de
réserve pour l’Africain et ne pas le faire pour les opposants des pays
de l’Est et de la Chine. »

Même au Parti socialiste - on est à trois semaines du congrès du PS - la
mesure, décidée certainement en haut lieu, a provoqué un malaise. Un
membre du comité directeur, Patrice Finel a publié mercredi un
communiqué intitulé « Pierre Joxe, au secours du tyran Bongo ». « Voilà
encore un triste exemple du décalage entre les discours de gauche et la
pratique du maintien de nos intérêts néo-coloniaux en Afrique
francophone », a affirmé ce responsable.

Pour l’Union des travailleurs sénégalais en France « cette mesure
constitue une discrimination à l’égard des militants africains qui
expriment pacifiquement leur opinion sur le sort tragique de leur
continent. » « Nous appelons les travailleurs de France, les
organisations démocratiques à développer leur solidarité à l’égard des
travailleurs d’Afrique, de sa jeunesse, pour plus de liberté et de
justice sociale », conclut cette organisation.

La Fédération des exilés en Europe constate qu’avec l’expulsion de
Maboundou, « les autorités françaises viennent de franchir le Rubicon en
matière de violation flagrante des droits de l’homme et d’assumer d’une
manière ostentatoire et révoltante leur soutien au régime rétrograde et
dictatorial du Gabon. La Communauté des exilés africains, regroupés au
sein de la fédération des exilés en Europe, (...) ressent cruellement
une telle mesure injuste et arbitraire et la condamne avec la plus
grande énergie », conclut le communiqué.




Michel Muller

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