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Gabon D'abord
29 septembre 2005

Gabongoland, pauvre Gabon

" Gabonland " : les " rigolades " de Bongo
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San Finna (Ouagadougou)

Pierre Mamboundou.

La manière dont le Gabon est géré ressemble tellement à celle d'un royaume nègre qu'on pourrait à la limite l'appeler le " Gabonland " ou le "Gabongoland ".

Le Président Albert Bongo, devenu Omar Bongo puis Omar Odimba Bongo, président depuis 1967, pourrait comme Bokassa s'élever à la dignité royale ou impériale sus le nom de Bongo 1er, que ça n'étonnerait pas. Le Gabon est sa " chose ", les Gabonais sont ses sujets vis-à-vis desquels il se comporte comme un "Pater familias ".

Omar Bongo nous avait habitués à ses sorties cocasses, à ses " bongonnades " à nous faire rire plutôt que pleurer. Laurent Gbagbo, au risque d'affronter l'ire du patriarche, ne s'était-il pas laissé aller à le qualifier de " rigolo " en raison de ses remarques impayables ? Eh bien, le président gabonais vient de nous en gratifier encore avec ce coup de gueule, cette fois-ci adressé à ses opposants " qui vont à l'extérieur pour dénigrer les gens, les insulter ". Sa colère, Bongo a de la peine à la contenir. Pour lui, que des gens se permettent d'aller en dehors du pays pour le critiquer, c'est un crime de lèse-majesté. Le Président a sa conception de la liberté d'aller et venir, de s'exprimer notamment en période électorale : " "Les élections qui se passent au Gabon, c'est au Gabon. Ce n'est pas aux Etats-Unis, ce n'est pas en France, ce n'est pas ailleurs mais c'est ici. Alors pourquoi les uns baladent là-bas, conférence de presse du matin au soir. Tous ces gens-là, terminé !".

Il instruit le Ministre de la Sécurité publique et de l'Immigration d' interdire ces impertinents opposants de sortie du territoire en bloquant leurs passeports : " On laisse le Gabon et on va à l'extérieur pour dénigrer les gens; des conférences de presse ça et là. Alors pour ceux-là, Missongo (NDLR : c'est le nom du Ministre), plus de passeports de sortie" ! Son message est reçu 5/5 par son Ministre qui, sitôt dit, prend les dispositions pour faire interdire les opposants de sortie.

Daniel Mengara

Le fait est suffisamment grave, au regard des lois et de la Constitution gabonaises, pour être soulevé et flétri mais, lorsqu'en plus de cela, le président gabonais va jusqu'à quasiment intimer l'ordre à la France de faire exécuter sur son territoire, ses " oukases ", on a peine à y croire. En effet, il n'a pas hésiter à lancer : " On va demander à la France, au ministère de l'Intérieur (français) de nous donner la liste de tous ces Gabonais qui font des conférences de presse, qui sont déjà en campagne électorale, et nous allons leur refuser le droit de sortir du Gabon, advienne que pourra". Incroyable mais vrai, la Préfecture de Paris a interdit une manifestation prévue pour le 15 Septembre dernier.

S'il y a qui doutaient encore de la puissance de la Françafrique, ils reviendront de leurs illusions. Qu'un président puisse se prévaloir de ses droits dans la grande famille pour obtenir de la France un geste de solidarité en adhérant à une telle décision, c'est tout à fait renversant s'agissant de la patrie des droits de l'homme. Mais peut-être aussi, faudra-t-il se convaincre que si l'on a donné suite à la colère de Omar Odimba Bongo, c'est parce qu'on lui a donné l'assurance qu'il était au-dessus des lois ; c'est peut-être aussi parce qu'il sait qu'il a su se rendre indispensable de telle sorte que des requêtes du genre de celle qu'il vient d'avancer, ne pouvaient qu'être acceptées.

Que l'opposition gabonaise donne de la voix à son tour, rue dans les brancards, c'est le moins qu'elle puisse faire. Mais de N'Djaména à Ouagadougou en passant par Lomé et jusqu'à Dakar, c'est l'opposition de toute l'Afrique francophone voire même continentale qui doit rabattre le caquet à ce Président qui a pété les plombs. C'est même la classe politique française voire internationale, qui doit interpeller le pouvoir français sur ces " nègreries " qui ne relèvent pas l'image de la France, passablement ternie par les temps qui courent, avec ses interventions via la Françafrique dans certaines affaires africaines.

Et pour finir, une petite comparaison entre Omar Bongo et Blaise Compaoré n'est pas inutile : quand les accusations d'apatridie, de déstabilisation proférées par Blaise Compaoré vis-à-vis de ses opposants ne marchent pas, ce dernier envoie des missions pour contrecarrer leurs sorties, démarchant même pour ce faire jusqu'à des chefs d'Etat ! Au fond, c'est pas tonitruant et franc du collier comme pour Bongo mais c'est de la même veine !

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