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Gabon D'abord
16 janvier 2006

Ellen Johnson-Sirleaf prend les rênes d'un Liberia exsangue

liberiaLa liste des personnalités qui ont annoncé leur présence à Monrovia, lundi 16 janvier, à la cérémonie d'investiture d'Ellen Johnson-Sirleaf donne la mesure des espoirs que la communauté internationale place dans cette ancienne ministre de 67 ans, diplômée d'Harvard, élue en novembre présidente du Liberia, pour sortir ce petit pays d'Afrique de l'Ouest de l'état de dévastation où l'ont plongé 14 années de guerre civile. Mme Johnson-Sirleaf avait été élue le 8 novembre à l'issue d'un second tour l'ayant opposé à l'ancien joueur de football George Weah.

Condoleezza Rice, la secrétaire d'Etat américaine, devait assister à la cérémonie en compagnie de Laura Bush, l'épouse du président américain, tandis que deux bâtiments de l'US Navy mouilleront au large des côtes de ce pays fondé en 1822 par des esclaves américains affranchis. Pour saluer la première élection d'une femme à la présidence d'un Etat africain, la France sera représentée par sa ministre déléguée à la coopération, Brigitte Girardin. A ses côtés, le commissaire européen au développement, Louis Michel, et des dirigeants africains dont le Nigérian Olusegun Obasanjo, le Sud-Africain Thabo Mbeki et le Libyen Mouammar Kadhafi.
Les défis qui attendent Ellen Johnson-Sirleaf sont immenses. Matériels, d'abord, avec le rétablissement de l'eau et de l'électricité. Sociaux, ensuite, avec la réinsertion de 100 000 jeunes ex-combattants. Sécuritaires, ensuite, avec la reconstitution d'une armée déléguée à une société privée.
Mettre fin à la corruption qui n'a pas cessé de ronger ce pays riche en matières premières suppose une révolution dans les moeurs politiques et la construction d'un système judiciaire. A cet égard, la manière dont la nouvelle présidente respectera le plan imposé par les Occidentaux, qui placent de fait les finances publiques sous leur tutelle, constituera un test.
"DAME DE FER"
Quadrillé par 15 000 casques bleus, le Liberia n'a une chance de sortir du gouffre que si la mobilisation financière des bailleurs dure. Or les signes donnés par Washington "ne sont pas encourageants", s'inquiète l'ONG International Crisis Group.
Mme Johnson-Sirleaf, dont le parti ne dispose pas de la majorité au Parlement, devra aussi confirmer sa réputation de "Dame de fer" pour affronter les anciens chefs de guerre, qui lui auraient préféré George Weah. "Pour préserver la paix", l'ex-footballeur a fini par renoncer à saisir la Cour suprême des fraudes qu'il alléguait, et la nouvelle présidente lui a promis "un rôle important" dans le gouvernement. L'élection au Parlement de proches de Charles Taylor, l'ancien président qui précipita le pays dans la folie sanguinaire et qui a trouvé refuge en 2003 au Nigeria, renforce les craintes. Ainsi, le nouveau président de la Chambre des représentants, élu vendredi 13 janvier, n'est autre qu'Edwin Snowe, ex-gendre de Charles Taylor, un homme d'affaires interdit de voyages par les Nations unies pour atteintes aux droits de l'homme.
Banni de son pays, l'ancien homme fort de Monrovia, dont la communauté internationale réclame l'extradition et le jugement, pourrait continuer de peser sur la vie du Liberia.
Philippe Bernard

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