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Gabon D'abord
1 septembre 2006

GOLFE DE GUINEE: Qui sera le super émir de la région ?

La Lettre Du Continent
N° 500 31/08/2006

Après avoir montré à ses voisins, le 17 août, au défilé militaire de la fête d'indépendance, qu'il s'était équipé fraîchement en Afrique du Sud de Mirage F1 et de nouveaux matériels de combat (lire p.7), le président Omar Bongo a accueilli le 25 août à Libreville tous les émirs de la région dans le cadre de la Commission du golfe de Guinée (CGC). Créée en 1999 à l'initiative des Américains qui ont déclaré toute cette zone pétrolière comme partie intégrante de la "sécurité nationale" des Etats-Unis, la CGC vise à régler dans un cadre pacifique les conflits maritimes pétroliers qui ne manquent pas entre les émirs de la région. A l'exception du président Paul Biya (absent as usual), qui avait tout de même envoyé son premier ministre, et du "beau-père" Denis Sassou Nguesso (sans doute un peu jaloux de ne pas présider cette réunion), tous les émirs, petits et grands, étaient là pour se répartir le siège (à Luanda) et les responsabilités de cette commission jusqu'à présent en sommeil. Les émirs ombrageux, dont les tirelires personnelles ont flambé avec les cours du baril, sont pourtant loin de fraterniser. La Lettre du Continent a enquêté sur les jeux de pouvoir entre tous ces "chefs".

Omar Bongo et Teodoro Obiang, l'ancien parrain et le nouveau riche. Fini le temps où le Fang de Malabo venait manger dans la main du voisin gabonais. Au regard de sa population de moins d'un million d'habitants, Teodoro Obiang est devenu l'émir le plus riche de la région. Le président équato-guinéen est en conflit avec le président Bongo pour la propriété de l'îlot Mbanié, situé dans la baie de Corisco, entre les côtes des deux pays et avec tout le pétrole autour… Il revendique aussi une position en rapport avec ses revenus au sein de la BEAC (Banque des Etats de l'Afrique centrale) dont il ne supporte pas le gouverneur gabonais, Jean-Félix Mamalepot. Teodoro Obiang a soigneusement évité de venir le 17 août à Libreville voir voler les Mirage F1 au-dessus de sa tête…

José Eduardo dos Santos et Denis Sassou Nguesso, le même goût du secret. "Zedu" et "Sass" pourraient tous les deux jouer le rôle principal de L'espion qui venait du froid. Ils ont ensemble beaucoup de cadavres dans le placard et ont su s'arranger en tête à tête pour régler leurs conflits maritimes pétroliers sur le Cabinda : une façon différente de tirer la perpendiculaire en mer à partir du rivage sur des millions de barils offshore. Ils ont discrètement groupé certaines de leurs participations pétrolières… En contrepartie, "Zedu" veille sur la sécurité de "Sass", qu'il a contribué à remettre au pouvoir en 1997 pour qu'il neutralise les indépendantistes du Cabinda. Actuellement président en exercice de l'Union Africaine, "Sass" qui a des ambitions régionales, voire continentales en matière de sécurité, utilise aussi "Zedu" pour se donner un peu d'air à l'égard de son gendre, le doyen Omar Bongo. Les deux parents, qui ont en commun la même affection pour la première dame gabonaise "Edith", sont à l'évidence souvent en rivalité d'influences locales et internationales.

Olesegun Obasanjo et Paul Biya, le tchatcheur et le taiseux. Miracle ! Un accord "politique" est intervenu sur le différend frontalier de Bakassi peu après que le président nigérian soit empêché de se représenter à la présidence. La vérité vraie : Obasanjo qui s'en va laisse la patate d'huile chaude à son successeur. Il sera en outre récompensé par les Américains qui ont pris le Cameroun sous leur aile. Paul Biya, de son côté, a aussi molli en acceptant que le retrait de la présence nigériane soit échelonnée jusqu'en 2011… Avec ses autres voisins, Paul Biya reste très prudent : il ignore le "doyen" Bongo et tient aussi à bout de gaffe son "parent" fang, Teodoro Obiang, avant de nouveaux probables conflits pétrolo-frontaliers dans le Rio del Rey et en haute mer d'or noir.

Fradique Menezes et Olesegun Obasanjo, David et Goliath. Autrefois un satellite du Gabon, l'île de Sao Tomé jongle désormais entre ses deux grands protecteurs nigérian et angolais. En Joint Development Zone pétrolière avec des hommes d'affaires nigérians, Fradique Menezes compte sur l'Angola (sécurité) et les Etats-Unis - qui vont utiliser "son" île comme base d'infrastructures pour les majors américaines, lire p.3 - pour devenir un petit émir d'influence.

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