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Gabon D'abord
19 décembre 2006

Au nom du père

Source: Afrique central info

Jadis héros de la contestation au président Omar Bongo Ondimba, aujourd’hui rallié à sa majorité, le vice-Premier ministre gabonais, Paul Mba Abessole (photo), joue sa survie politique dimanche lors d’un duel législatif à hauts risques face à son propre Premier ministre.

Dans une campagne sans grand relief, le "combat des chefs" qui s’est engagé pour le premier siège du 2e arrondissement de Libreville constitue la principale affiche du scrutin. Un choc fratricide, symbole des divisions qui minent le camp du chef de l’Etat.

Député sortant, le père Mba Abessole - il fût prêtre catholique - a longtemps incarné l’espoir d’une alternance au président Bongo. A la tête du Rassemblement national des bûcherons (RNB), il l’a même fait vaciller lors de la première élection présidentielle pluraliste du pays en 1993... avant de finalement rejoindre son camp après les législatives de 2001.

"On ne peut appliquer ses idées que si on a le pouvoir", professe-t-il. "Nous sommes entrés dans la majorité avec nos idées, pour y susciter le débat et essayer de changer concrètement le pays".

Même si ce revirement a fait grincer bien des dents, Paul Mba Abessole, actuel titulaire du portefeuille des Transports, a résisté et fait aujourd’hui partie des poids lourds du gouvernement.

Toutefois, son étoile a pâli. En janvier, l’ex-"bûcheron" a vu s’échapper le poste de Premier ministre, qu’il pensait rafler en récompense de son ralliement. Et aujourd’hui, il se retrouve confronté à celui qui lui a été préféré à ce poste et qu’il avait battu lors des législatives de 2001, Jean Eyeghé Ndong.

Sénateur depuis 2002, le chef du gouvernement dit vouloir reprendre son siège à l’Assemblée pour pallier les "insuffisances" du sortant. Et à ceux qui critiquent sa décision de défier un collègue, il répond sans hésiter: "Quand un ministre a l’oeil sur un siège que brigue son Premier ministre, il doit comprendre que c’est à lui d’aller ailleurs..."

Dans le camp de Paul Mba Abessole, on considère l’entrée en lice de Jean Eyeghé Ndong comme un coup bas venu du Parti démocratique gabonais (PDG, le parti du président). "Il est déjà sénateur. S’il est venu nous défier, c’est sur ordre de ceux que notre candidat gêne", accuse son directeur de campagne, Robert Emdamane.

Alors, depuis le début de sa campagne, Paul Mba Abessole, qui a ressorti pour l’occasion son béret d’opposant, ne se prive plus de tirer à boulets rouges sur son adversaire, candidat, dit-il, "d’un parti qui n’a rien fait pour le pays depuis seize ans".

En termes très durs, il fustige la majorité "façon-façon", c’est-à-dire "mal faite", sous l’emprise du seul PDG et prône son remplacement par une "majorité de partage". Mais il refuse toujours de claquer la porte. "Ce n’est pas parce que je ne m’entends pas avec tous les membres de ma famille que je dois la quitter", argumente-t-il.

Dans les quartiers de Nkembo ou Cocotiers, les "causeries" électorales de l’ex-contestataire font toujours le plein, mais son discours semble en perte de vitesse. Y compris dans son propre camp, où les démissions se succèdent.

"Il est arrivé au bout de sa stratégie de conquête du pouvoir et il se retrouve face à un mur.

Pour lui, c’est la fin", pronostique un proche.

Comme la plupart des observateurs, le politologue Anaclet Bissiélo prédit un échec cuisant au vice-Premier ministre. "Il a collaboré avec le pouvoir et il ne reçoit même pas un os à ronger", analyse-t-il. "Comme les autres, il a été mangé par le système".

A ceux qui veulent encore l’entendre, Paul Mba Abessole répète, lui, qu’il ne déviera pas de sa stratégie. "Tant pis si nous perdons", concède-t-il, "l’essentiel est que nos idées fassent leur chemin".

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