A vous dictateurs africain
source: Sylvain Ndong
A vous dictateurs africains,
Vous qui aviez fait et faites encore malheureusement
le choix, au détriment de vos propres peuples, des
réseaux d'intérêts maffieux, qui vous aident à vous
maintenir au pouvoir contre une main basse
perpétuelle sur nos richesses nationales.
Vous devez vous souvenir que de tout temps, de toute
époque, dans l'histoire de vos aînés dictateurs, et
auxquels la plupart d'entre vous ont succédé, ce
sont ces mêmes réseaux d'intérêts tel la
Françafrique, qui ont toujours fini par les trahir
ou tout simplement lâché, au moment où leur utilité
arrivait à son terme. Ce sont donc ces mêmes
réseaux, que vous servez assidûment aujourd'hui, qui
vous lâcheront demain aussi, quand votre tour
viendra, comme nous le rappelle ici l'histoire :
Léon Mba (Gabon) trahi
par la Françafrique en novembre 1967
Bedel Bokassa (Centrafrique) lâché par la
Françafrique en septembre 1979
Ahmadou Ahidjo (Cameroun) trahi par la
Françafrique en avril 1982
Goukouni Oueddeï (Tchad) lâché par la
Françafrique en juin 1982
Hissène Habré (Tchad) lâché par
la Françafrique en décembre 1990
Juvénal Habyarimana (Rwanda) trahi par la
Françafrique en avril 1994
Mobutu Sese Seko (Zaïre) lâché par la
Françafrique en mai 1997
La seule exception parmi ces « héros nationaux »
étant celle d'Abdou Diouf (Sénégal), qui a eu
l'intelligence et le courage d'accepter le verdict
populaire des urnes en mars 2000. Et c'est ce
courage, volte-face inespéré et salutaire de
dernière minute, qui lui permet d'être remercié
(pour beaux et loyaux services envers la
Françafrique) depuis cette date et jusqu'à ce jour,
comme secrétaire général de la Francophonie. Même si
il faut tout de même vous signaler que malgré cela,
son passé de dictateur n'a pas totalement été
effacé, en témoigne la récente et humiliante fouille
corporelle, malgré son titre de secrétaire général,
qu'il a subit dans un aéroport canadien en mai 2006.
Comme on dit, la réinsertion dans la société des
honnêtes gens, d'anciens dictateurs ou condamnés, ne
sera toujours pas chose aisée !
J'espère que vous, messieurs Omar Bongo et Sassou
N'guesso, les deux prochains dictateurs à être
éjecter par la Françafrique votre ancienne amour
contre nature - en témoignent toutes les plaintes
que cette dernière n'a cessé de « laisser passer » à
votre encontre à Paris tout au long de ce mois (du
jamais vu) - allez avoir l'ultime sagesse (avant que
d'être lâchés dans le vide comme des épaves vous
aussi) de vous retourner enfin vers vos peuples
respectifs, pour faire le choix de la Patrie, de
l'amour national, de l'intelligence et du réalisme
politique, qui consiste à laisser le bénéfice de nos
richesses à ceux envers lesquelles elle reviennent
au premier chef, c'est-à-dire votre peuple.
Toute obstination et tout orgueil seraient de nature
à accréditer un aveuglement et un manque
d'intelligence aberrants, qui poussent leur malade à
faire le choix de tourner la tête contre le sort
inéluctable qui vous est réservé même quand « vous
vous en sortez », et que subit en ce moment-même
votre compère du Libéria Charles Ghankay Taylor,
dans les geôles du tribunal international de La
Haye.
L'avenir ne vous appartient pas chers messieurs.
L'avenir appartient à votre peuple, qui reprendra
quoi qu'il en soit la destinée de ses terres en
main. Si il vous reste un minimum d'intelligence, au
mieux vous finirez comme Diouf, au moyen comme
Taylor, au pire comme Sese Seko ; car il n'y a que
ces trois itinéraires dans la marge d'action et le
parcours qui vous reste. Et pour être tout à fait
honnête avec vous, messieurs, parmi ces trois
possibilités, il n'y a qu'un seul qui ait un avenir
: celui qu'a emprunter Diouf, qui a su faire le
choix de l'alternance politique imposée par la
transparence des urnes, afin d'échapper à la mort
anonyme de Mobutu ou à l'humiliation de Charles
J'espère que mon message vous parviendra.
Votre compatriote,
Sylvain Ndong