Longtemps interdit de séjour en France, Bernard Kolélas est à Paris

Bernard Kolélas, l’ancien premier ministre de Pascal Lissouba est à Paris. Longtemps redouté par son adversaire Sassou, le voyage de Kolélas effectué avec son épouse malade, a semble-t-il été pris totalement en charge par le président congolais.

Bernard Kolélas, président du MCDDI, est à Paris depuis le 22 septembre 2005. Après avoir essuyé plusieurs refus, l’ancier premier ministre de l’ERDDUN a pu enfin obtenir un visa pour la France. L’opposant congolais aurait bénéficié de cette grâce pour des raisons médicales familiales. Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC), son épouse a fait l’objet d’une évacuation sanitaire de Bamako à Paris.

Selon un intellectuel congolais qui a requis l’anonymat, la présidence de la République du Congo ne serait pas étrangère au financement de cette évacuation sanitaire.

La chose semble tout de même paradoxale quand on sait l’inimitié qui existe entre les opposants en exil et le gouvernement congolais. Ce dernier n’est cependant pas à son coup d’essai vis à vis de ses adversaires. Le général Joachim Yombi Opango membre également de l’opposition serait, semble-t-il, "entretenu financièrement" par son ennemi Sassou. Au décès de sa belle-mère (la maman de Marie-Noelle Yombi) les funérailles furent prise en charge par la présidence de la République. Malgré l’interdiction de séjour auquel était soumis son époux, Marie-Noelle Yombi pu avoir l’autorisation d’aller assister aux obsèques de sa mère au Congo.

Aujourd’hui, un autre membre très influent de l’Opposition congolaise (l’occurrence Kolélas) vient de bénéficier de cette magnanimité dont semble faire preuve Sassou-Nguesso. " Le jour on critique, la nuit on coopère" a encore commenté l’intellectuel anonyme. "Ces leaders pour lesquels de nombreux militants sont se sont entretués, et sont prêts à se jeter au feu, s’entendent à merveille" a-t-il ironisé.

Bernard Kolélas, un opposant irréductible

Il reste que Bernard Kolélas a toujours rêvé de Paris comme tribune pour dire tout le mal qu’il pense du régime de Brazzaville. C’est sans doute pour cette raison que l’Elysée, soucieuse de protéger son ami Sassou, a toujours refusé d’accorder le visa à l’ancien maire de Brazzaville. On peut se demander pourquoi la France a-t-elle finalement fléchi sa position. Et surtout, pourquoi Sassou a-t-il pris en charge les frais d’hopitalisation de l’épouse de son plus grand adversaire. "Un bon opposant congolais est un opposant malade" a cyniquement commenté un observateur de la politique brazzavilloise. Y a -t-il eu marchandage ? Sassou aurait-il acheté le silence de Bernard Kolélas par son geste humanitaire ? "Je te paie ton séjour en France, tu observes ton devoir de réserve" a dû raisonner Sassou. Les pourparlers entre les deux parties ne datent pas d’aujourd’hui. "Cela fait plusieurs mois que les négociations étaient en cours entre Mpila et Bamako" nous a confié un proche de la Présidence. Il s’est mumurmuré que L’Elysée avait préconisé fermer les yeux sur le verdict du procès des assassins des 350 Disparus si Sassou assouplissait sa politique envers ses opposants en exil. Le récent voyage du secrétaire du parti de Pascal Lissouba ( Paulin Makita) à Brazzaville serait-il à mettre sur cet assouplissement ? Par ailleurs, il est vrai que d’ordinaire très critique, Bernard Kolélas n’a pas trop réagi, par exemple, sur le procès des assassins du Beach au mois d’âoût. En outre, le professeur Jean-Pierre Makouta-Mboukou, le n°2 du MCCDI, serait déjà à Brazzaville depuis trois semaines. "Pour préparer le retour de Bernard Kolélas au Congo" disent les connaisseurs des moeurs politiques locales.

Pour l’instant, Bernard Kolélas n’a fait aucun commentaire depuis son arrivée dans la capitale française. Reste à savoir, s’il pourra continuer à garder son calme quand les micros des journalistes lui seront tendus d’ici-là.