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Gabon D'abord
26 novembre 2005

Albion redécouvre le charbon de l'Aveyron

L'Aveyron va-t-il retourner au charbon ? Ce département croyait avoir définitivement rompu ses liens avec cette activité minière après la fermeture de la "découverte" de Decazeville, il y a de cela quatre ans. C'était aussi la fin d'un siècle d'extraction du minerai noir, d'abord souterraine puis à ciel ouvert, qui avait forgé l'histoire ce que l'on appelait alors "le bassin houiller".
Cette histoire pourrait bien rebondir un peu plus loin, dans la forêt des Palanges, plus exactement sur la commune de Bertholène, petit village de mille âmes paisibles, bordant cette forêt qui offre ses champignons et un cadre idéal pour les balades, à dix minutes de la préfecture, Rodez. Jusqu'en 1956, il y avait là aussi une mine de charbon, de piètre qualité mais qui alimentait les cuisinières des particuliers ou partait occasionnellement vers des usines et des centrales thermiques. C'est cette mine qu'a décidé de réexploiter la SRMMC (Société des ressources minières du Massif central), filiale du groupe britannique Aardvark TFC Limited.

Une concession lui a été attribuée par l'Etat à la fin de l'année 2003 par arrêté ministériel. Le plus légalement du monde, après la décision par Charbonnages de France, la même année, de cesser ses activités minières, tout en laissant à des entrepreneurs privés la possibilité d'extraire encore du charbon sur tout le territoire français.

"La France importe chaque année 18 millions de tonnes de charbon, pour ses centrales thermiques essentiellement, explique le PDG de l'entreprise, Brian Coppack. A Bertholène, nous estimons les réserves à 4 millions de tonnes, au rythme annuel de 250 000 tonnes, la concession pourrait fonctionner de sept à dix ans." Exactement : jusqu'en 2018.

Ces indications chiffrées ne sont pas du tout du goût de Gilbert Passaga, maire de Bertholène, et de ses collègues de cinq autres communes concernées par la concession : Gages, Agen-d'Aveyron, Laissac, La Loubière et Sainte-Radegonde. Ils ont monté un collectif et entrepris des actions en justice. Ils veulent faire annuler ces opérations. "Ce serait une véritable catastrophe écologique, affirme M. Passaga. La mine est située sur la commune de Bertholène, mais la concession s'étend jusqu'à Sainte-Radegonde, soit à une trentaine de kilomètres d'ici. Vous imaginez les balafres dans la forêt si on explore partout du charbon ! Ce que l'on ne comprend pas, c'est pourquoi l'Etat a laissé la porte ouverte à d'éventuelles réouvertures de mines, on croyait tous en avoir fini avec cette énergie à l'heure où on nous parle de développement durable."

La nouvelle a grandement surpris élus et population. Du coup, l'on reparle de la richesse du sol et de l'uranium qu'exploitait la Cogema à Bertholène jusqu'en 1994. Mais, pour M. Passaga, "ce ne sont que des rumeurs. La stupéfaction est telle que toutes les hypothèses sont évoquées. Mais je crois vraiment que cette société écossaise vient pour chercher du charbon, elle le fait dans son pays et croit qu'en France tout le monde l'acceptera."

Des propriétaires privés et des agriculteurs ont été contactés, mais aucun accord, aucune indication de dédommagements n'ont filtré. D'autant que le fils de l'ancien propriétaire de la mine a mandaté des avocats toulousains pour faire annuler la vente de la concession, faisant valoir l'incapacité de son père au moment de la signature de l'acte de vente.

Les forages que devaient effectuer Ardvark début novembre n'ont toujours pas commencé. "On a d'abord parlé du 14, puis nous nous attendions à les voir arriver le 28. On n'a pas encore vu M. Coppack et ses amis. Peut-être ont-ils été alertés par la mobilisation des maires et des habitants", se réjouit M. Passaga. La SRMMC parle maintenant de janvier 2006. Malgré les actions en justice et la mobilisation, l'entreprise écossaise n'est guère loquace, depuis deux mois. Peut-être, tout simplement, parce qu'elle ne fait que profiter d'un certain flou dans le code minier français modifié.

Philippe Gagnebet

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