Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gabon D'abord
17 mars 2006

Gabon:Enseignement supérieur : Pourquoi tant de haine ?

uobQuand la jalousie tue l’université au nom de « l’excellence » Depuis quelques mois un climat malsain règne au sein de l’université et commence à transformer ce lieu de naturelle tolérance en un champ de bataille indigne d’une telle institution. Jusque-là internes, les effluves nauséabonds ont commencé à sortir de l’enceinte de l’U.O.B pour gagner la place publique, à la faveur de papiers revanchards dans certains journaux. De quoi s’agit-il ?

Il y a quelques mois, une dizaine d’enseignants ont bénéficié d’une promotion à titre exceptionnel de la part du Président de la République. Jusque-là rien de bien extraordinaire. Que ce soit dans l’Enseignement supérieur ou dans n’importe quel administration, ce n’est pas la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière que le Chef de l’Etat usera du pouvoir discrétionnaire que lui donnent les lois de la République pour promouvoir tel ou tel à telle ou telle fonction. D’où vient donc que la promotion de ce dernier contingent provoque une telle tempête dans un verre d’eau ?

Après enquête, il semblerait que « l’énervement » d’une certaine catégorie d’enseignants regroupés au sein de l’un des syndicats de l’université (le SNEC) tire sa source dans une conjonction de faits et d’éléments hétéroclites : jalousie, aigreur, chasse aux sorcières, tribalisme…

Mais revenons aux faits. Ainsi que l’a complaisamment relayé un confrère, le syndicat en question a écrit au Chef de l’Etat pour lui demander (sinon le sommer) d’annuler sa décision, faute de quoi ils allaient s’énerver sérieusement. Ce à quoi le Président de la République n’a, semble-t-il, pas donné suite. De fait, les auteurs de cette fronde estiment tout simplement que Bongo Ondimba, Chef de l’Etat gabonais, n’est pas qualifié pour décider de quoi que ce soit dans cette université de l’Etat gabonais, dont les agents ne sont, au-delà des franchises, que des fonctionnaires de l’Etat gabonais, comme les autres.
Aux dernières nouvelles, on apprenait que ledit groupuscule aurait saisi la justice, en l’occurrence le Conseil d’Etat, au moyen d’une plainte en vue de l’annulation du texte de promotion signé par le Président de la République. Depuis, on ne parle que de ça à l’U.O.B. Certains enseignants, perdant toute retenue et toute déontologie, consacre des heures à intoxiquer les étudiants sur une question à laquelle ils n’ont pas à être mêlés, avec le risque de provoquer des tensions inutiles entre étudiants et enseignants favorables ou défavorables à leurs visées. Mieux, ou pire, un « grand professeur » n’a pas hésité un seul instant, lors d’une cérémonie symbolique et académique, à consacrer tout son discours à ladite promotion provoquant la gêne des universitaires étrangers présents.

D’après ledit syndicat, cette dernière promotion serait irrégulière tant au regard de la loi gabonaise qu’au regard de la convention qui lie le Gabon au Cames (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur).

Sans entrer dans les détails juridiques, et sans être aussi savant que les grands juristes de l’U.O.B, on a quelques peines à voir en quoi l’usage, cette fois-ci, par le Président de la République des pouvoirs que lui confère l’article 23 du statut général des fonctionnaires, serait contraire à la loi. On est d’autant plus étonné que, pour ne prendre que ce seul exemple, le premier président du SNEC, Max Rémondo, n’a pas été promu par une autre voie. En tous cas, nul ne se souvient d’avoir vu Rémondo se présenter un seul jour au Cames. D’autres exemples de ce type existent à l’U.O.B et dans les autres établissements. Pourquoi ce qui est bien et légal pour le président du SNEC Rémondo deviendrait subitement mauvais et illégal pour d’autres ? Pourquoi le SNEC, si chatouilleux sur les « principes universitaires » ne demande-t-il pas l’annulation de toutes les promotions antérieures, à commencer par celle de son ex mentor ?
Au regard des arguments lus ces derniers temps, on est tenté de rappeler quelques évidences pour lesquelles il n’est point besoin d’être agrégé pour lire et comprendre la loi. Sans répondre à l’argumentaire du SNEC, ce sera le travail des juges. Rappelons quand même ce qui suit :
1) Voici ce que dit l’article 133 de la loi 001 portant Statut général de la Fonction publique (dernière loi en vigueur en la matière au Gabon, 4 Février 2005) : « En cas de nécessité ou lorsque un intérêt supérieur l’exige, le Président de la République peut, à titre exceptionnel, et après concertation avec le Premier Ministre et avis du ministre utilisateur et du ministre chargé de la Fonction publique, déroger aux dispositions du présent statut en matière de recrutement et de promotion des agents publics civils permanents… » En regardant le décret contesté, on constate que toutes ces autorités ont signé. Où est donc le problème ?
2) Selon le décret 866 du 20 Août 1981 fixant les statuts particuliers des personnels enseignants de l’enseignement supérieur, « le passage d’un grade universitaire à un autre hiérarchiquement supérieur n’est pas subordonné à la promotion préalable dans toutes les classes et à tous les échelons du grade subalterne… » Là encore, d’après un avocat consulté, ces dispositions non seulement ne posent pas problème mais de surcroît, elles concernent l’évolution normale de la carrière. Or, s’agissant de promotion à titre exceptionnel, il va de soi que les règles du droit commun ne s’appliquent pas puisque le propre de l’exception c’est de déroger à la règle normale.
3) Enfin, quant à la violation de la convention avec le CAMES, il s’agit d’un vrai-faux argument perpétuellement brandi par la mafia qui s’est accaparé au Gabon d’une institution utile (le CAMES) pour en faire une secte où le fait de porter tous les matins la tiare du gourou vous permet plus facilement d’être inscrit sur une liste du CAMES. Tout le monde sait que les choses se passent ainsi, mais personne n’ose s’y opposer car, comme dans toute mafia, la seule loi est l’omerta.
Ainsi on fait croire au public que le fait d’avoir adhéré au CAMES enlevait tout pouvoir à l’Etat gabonais dans la promotion des enseignants gabonais. Ce qui est tout à fait faux. Nous avons lu et relu la convention du CAMES autant que les textes gabonais, nulle part il n’est dit qu’un quelconque Etat a renoncé à sa souveraineté au profit d’une organisation internationale qui du reste fait office de Conseil. Il faut donc des esprits particuliers et étroits pour affirmer qu’un organe conseiller est celui qui prend les décisions à la place des décideurs nationaux. D’ailleurs si c’était le CAMES qui primait sur les Etats, pourquoi n’a-t-il pas sanctionné voire chassé le Gabon de son sein depuis le temps où l’Etat gabonais nomme des enseignants aux fonctions académiques dans ses universités ? Et le Gabon n’est pas le seul pays à le faire. En lisant le statut particulier des enseignants du supérieur on y apprend simplement que « l’appréciation des titres et des diplômes est faite exclusivement par le CAMES », en quoi le CAMES nommerait-il ? La preuve en est que lorsqu’on est inscrit sur une liste d’aptitude du CAMES ou tout autre, la nomination revient toujours à l’Etat. Le CAMES qui, rappelons-le, est un conseiller des Etats propose, et les Etats disposent. Toute autre interprétation serait non seulement farfelue mais contraire au droit, car, autant que l’on ne sache, le Gabon n’a jamais abdiqué sa souveraineté au profit d’une organisation qui n’est qu’un organe de coopération technique et non un organisme d’intégration (comme la CEMAC, qui juridiquement est différent du CAMES).

De même, on a beaucoup parlé de travaux, de publications… Après vérifications, certains des promus ont des volumes de publications dans les revues de référence en Occident que ne peuvent brandir ceux qui s’agitent et ceux qui en tirent les ficelles. De fait, lorsque l’observateur moyen lit certains des noms des promus, il a beaucoup de difficultés à admettre que ces noms connus au Gabon, reconnus en Europe et Amérique et dont les travaux sont connus, seraient des médiocres. Et voila comment des intellectuels continuent de tromper le peuple. Et dire que tout ce beau monde, les contestés comme les contestataires, sont censés constituer l’élite de ce pays.

Pour ceux des lecteurs qui n’auraient pas toujours compris les raisons d’une telle agitation, il faut aller plonger dans le marigot de l’U.O.B pour comprendre que tout cela est bêtement humain : la jalousie qui tue petit à petit les Gabonais, qui ne peuvent accepter que quelqu’un d’autre réussisse.

Parler de l’U.O.B en terme de marigot n’est pas exagéré. Il s’agit bien d’un univers trouble ou s’ébattent et se battent des crocodiles de toutes sortes et de toutes tailles dans des eaux relativement boueuses. En effet, si débat il y a dans cette vénérable maison, c’est toujours des débats de personnes et presque jamais d’idées. Un phénomène important viendrait-il à se produire au Gabon ou dans le reste du monde qu’on attendrait de la principale université une débauche d’analyses, de commentaires ou d’expertises de la part de tous les savants qui y barbotent. A la place on a tel qui n’aime pas tel… Tel qui a fait ceci contre tel…

Et pour revenir à notre actualité, en fouillant le fond du marigot, on réalise que sur une dizaine de promus, huit n’intéressent quasiment personne. Par contre, il y en a deux que le groupe qui tire les ficelles du fameux syndicat a décidé d’avoir par tous les moyens. Et parmi les deux agneaux à immoler (c’est bien Pacques), il y a un qui est prioritaire et dont le sang devra laver tous les péchés du Snec : un jeune universitaire dont le tort principal est de trop écraser de sa brillance tous les dinosaures dont la seule démonstration de leur magistère est de proclamer leurs titres du CAMES. A ces deux grands papes s’est ajouté un troisième larron qui rêve depuis toujours d’un grand destin national qui semble malheureusement le fuir chaque jour un peu plus. Cet autre agrégé ne supporte pas que le « petit agrégé » ait été capable d’assumer avec compétence, talent et autorité un poste qu’il n’avait pas, lui, réussi à gérer au point de fuir. Au propre comme un figuré.

En effet, le SNEC n’est que l’instrument, la flèche dont les tireurs sont tapis dans les tréfonds de la faculté de droit et sciences économiques de l’U.O.B. C’est un secret de polichinelle à l’U.O.B, derrière le SNEC il y a principalement deux agrégés de cet établissement qui n’aiment certes pas le plus âgés des deux agneaux à sacrifier mais qui ont surtout juré de faire payer à l’enfant d’autrui ce qu’ils considèrent comme de l’arrogance, pire, un crime de lèse agrégation.

Point donc surprenant que l’on reconnaisse la compétence, le sérieux et l’ardeur au travail d’un non-camesard. Puisque, d’après les surdoués du Snec, le CAMES est le prototype de l’excellence universitaire. N’est-ce pas que le CAMES bat toutes les universités américaines, européennes, chinoises, indiennes et japonaises confondues ? N’est-ce pas que c’est le CAMES qui a déposé le plus grand nombre de brevets de découvertes scientifiques au monde ? N’est-ce pas que c’est le CAMES qui a obtenu cette année à Oslo tous les prix Nobel ? N’est-ce pas que tous les grands prix littéraires décernés dans le monde entier ont été raflés par les inscrits au CAMES ? Rêvons ! Continuons de rêver, le rêve fait vivre ceux qui n’agissent pas.

Mais, attention, il ne s’agit pas de remettre en cause le CAMES. On connaît (même à l’U.O.B) des gens brillants, travailleurs, producteurs de travaux et autres livres de référence qui sont inscrits au CAMES. Il y en a et ils ne font pas de bruit. Le CAMES n’est qu’un moyen, il ne saurait être une fin. Mais de là à affirmer qu’en dehors du CAMES c’est l’enfer… alors que cette organisation ne concerne que les universités des anciennes colonies françaises qui ne passent pas non plus pour les meilleures d’Afrique, sauf si on veut nous faire croire que l’Afrique du Sud (géant universitaire africain), le Kenya, le Nigeria, le Ghana, la Tunisie ou le Maroc (pour ne citer que ceux-là) qui ne fond pas partie du CAMES, sont des nains scientifiques. Qui peut y croire ?

Mais, pour revenir au marigot uobéen et pour citer un enseignant passablement excédé par un tel climat et qui, bien qu’inscrit au CAMES, nous a livré cette pensée frappée au coin du bon sens : « Il n’y a pas dix mille catégories d’universitaires, il n’y en a que deux : les bons qui produisent et les mauvais qui ne produisent pas. Le problème n’est pas CAMES ou non CAMES. C’est vraiment un faux débat pour régler d’autres comptes ».

Et en parlant de comptes, il faut bien dire que nos universités n’échappent pas à la lutte des places qui s’empare de tous les fonctionnaires gabonais après les grandes échéances nationales (élections, changement de gouvernement…). Et c’est là qu’on touche le fond du problème. Les personnes attaquées semblent représenter de réels cauchemars pour le clan qui veut s’emparer de l’université pour en faire leur prétendue excellence qu’on nous sert à tout-va. Ce groupuscule d’intrigants se sent réconforté depuis quelques mois à la suite du changement de titulaire du portefeuille de l’Enseignement supérieur. Pour eux, l’heure de la chasse aux sorcières a sonné, le « grand nettoyage » selon eux doit commencer. C’est la nuit des longs couteaux. Il est temps que le massacre commence. Dieu reconnaîtra les siens ! Mais attention, quand même, aux dégâts collatéraux. Les amateurs de cinéma connaissent bien l’histoire de l’arroseur arrosé.

Enfin, il est temps de poser la question à 1000 Fcfa : parmi les obscures qui s’agitent, qui peut nous jurer qu’il aurait craché sur une telle promotion ? D’autant plus qu’il nous est revenu que certains d’entre eux l’avaient mendié depuis quelques années, d’où leur dépit de ne pas se retrouver dans le tiercé gagnant.

Sabrina Courtois

Publicité
Commentaires
N
Y A T-IL UNE HAINE A l'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU GABON?<br /> <br /> PEUT-ON JUSTIFIER LES CRITERES DE MERITES DES LARGESSES DE BONGO? <br /> <br /> LE GABON RESTERA T-IL TOUJOURS CE PAYS DE PASSE DROITS ET DES PRIVILEGES?<br /> <br /> A VOUS DE JUGER.<br /> <br /> DESOLER QUE LE WEBMATER PUISSE SOUVENT FAIRE PASSER DE TELS ARTICLES SANS CONSISTANCES NI OBJECTVITE .
Publicité
Gabon D'abord
Derniers commentaires
Publicité